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L’IA générative : catalyseur de l’innovation et moteur de la transformation dans l’assurance

12.04.2024

À l’ère de la révolution technologique, l’intelligence artificielle (IA) s’impose comme une force motrice majeure, bouleversant les codes établis et impulsant une transformation profonde dans de multiples domaines, y compris celui de l’assurance. Au cœur de cette mutation, l’IA générative émerge comme un véritable catalyseur de changement, offrant un éventail de possibilités inédites pour les acteurs du secteur.

Si ChatGPT, développé par OpenAI en 2020, a été l’un des pionniers dans ce domaine, il ne représente aujourd’hui qu’une pièce du puzzle. De nombreux autres modèles d’IA générative, dotés de capacités et de potentialités uniques, voient le jour et contribuent à élargir le champ des possibles. Notre objectif est d’explorer les potentialités de l’IA générative et de comprendre les défis inhérents à cette technologie révolutionnaire.

L’Avenir de l’Intelligence Artificielle dans le Secteur de l’Assurance : Tendances et Perspectives
Les assureurs s’orientent vers une exploitation plus poussée du machine learning consistant à enseigner aux machines à effectuer des tâches sans une programmation explicite. L’objectif est d’affiner la précision des modèles de tarification, renforcer la détection de fraudes, et personnaliser davantage les polices, offrant ainsi des solutions adaptées aux besoins spécifiques de chaque assuré. Cette approche est mise en œuvre par Minalea, une entreprise française spécialisée dans le développement de solutions d’intelligence artificielle pour le secteur de la santé. Sa plateforme utilise le machine learning pour analyser des données médicales, facilitant ainsi la prise de décisions plus éclairées par les professionnels de la santé.

Parallèlement, les assureurs envisagent des investissements significatifs dans des modèles prédictifs avancés. Cette démarche vise à anticiper les tendances du marché, évaluer les risques émergents, et ajuster les offres en conséquence. Des acteurs majeurs tels qu’Axa et Allianz, avec Allianz Intelligence, ont développé une IA dédiée à la tarification des risques et à la gestion des sinistres, incarnant cette évolution stratégique.

L’intégration de l’IA dans la technologie blockchain émerge également comme une solution prometteuse pourrenforcer la gestion des contrats d’assurances, visant à accroître la transparence, la sécurité et l’efficacité. Cette approche a le potentiel de réduire les litiges et simplifier les processus administratifs, offrant ainsi une gestion des contrats plus fiable. Generali incarne cette vision, étant l’un des premiers assureurs à adopter la blockchain en 2016. L’assureur continue de persévérer dans son objectif d’améliorer la gestion des sinistres en exploitant l’IA pour automatiser le traitement des réclamations à travers l’utilisation de contrats intelligents.

Les processus de gestion et d’interfaces clients ont été les premiers à utiliser l’IA, mais évoluent maintenant vers une personnalisation dans la relation

Dans le secteur de la gestion des sinistres, CFDP se distingue en développant une IA pour automatiser le processus de déclaration. Cela permet aux clients de soumettre leurs demandes en ligne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, simplifiant ainsi les démarches.

L’évolution vers la personnalisation des interactions avec les clients est alimentée par l’implémentation de chatbots. Generali, par exemple, a déployé une IA pour répondre aux questions des clients et les aider à gérer leurs contrats d’assurance. L’évolution des interfaces conversationnelles, y compris l’utilisation de chatbots et d’agents virtuels, promet d’améliorer les interactions avec les clients, avec des dialogues plus naturels et empathiques pendant les processus de souscription, de gestion des polices et de traitement des réclamations.

L’IA également un rempart contre les risks cyber ?
L’automatisation des tâches administratives répétitives grâce à l’IA, qui libère du temps et des ressources pour les assureurs, constitue un pilier essentiel dans l’amélioration de l’efficacité opérationnelle du secteur. Cependant, cette avancée technologique n’est pas seulement axée sur la productivité interne. Face à la montée des risques de cybermenaces, les assureurs envisagent également d’exploiter l’IA pour évaluer et atténuer ces menaces de manière proactive.

Ces deux initiatives, l’automatisation des tâches administratives et la prise en compte des risques cybernétiques, convergent vers un besoin croissant de sécurité et de prévoyance dans le paysage assurantiel. Dans cette optique, les compagnies d’assurance sont non seulement appelées à renforcer leurs capacités internes grâce à l’IA, mais elles sont également incitées à élargir leurs collaborations avec des entreprises technologiques, des startups et d’autres acteurs de l’industrie. Ces partenariats visent à exploiter les dernières avancées technologiques, que ce soit dans l’automatisation des processus ou la cybersécurité, afin d’offrir des produits d’assurance plus adaptés, évolutifs et en phase avec les réalités changeantes du marché.

Et la place de l’éthique dans tout ça ?
En outre, dans une perspective d’innovation continue, l’intégration plus poussée de l’Internet des Objets (IoT) ouvre de nouvelles possibilités. Un exemple concret est le boîtier télématique installé dans les véhicules, qui recueillent des données sur la conduite telles que la vitesse, le freinage et l’accélération. Ces informations sont ensuite utilisées pour évaluer les risques et proposer des tarifs personnalisés. La collecte continue de données à partir de capteurs connectés permettra une tarification plus dynamique, alignée sur le comportement en temps réel de l’assuré. Cependant, cette avancée soulève également des questions éthiques importantes liées à l’utilisation des données. Les assureurs sont ainsi incités à intégrer des principes éthiques dans leurs modèles, garantissant la transparence, l’équité et la protection de la vie privée. Cette démarche souligne leur engagement envers une utilisation responsable de la technologie, assurant ainsi la confiance des assurés dans un paysage assurantiel en constante évolution.

Les Défis de l’Intelligence Artificielle dans l’Assurance : Enjeux et Solutions
L’intégration croissante de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur de l’assurance soulève des enjeux complexes et urgents. Parmi eux, la préservation de la confidentialité des données, la prévention de la discrimination algorithmique, et la définition des responsabilités en cas d’erreurs représentent des défis essentiels.

La gestion délicate de la confidentialité des données constitue l’un des défis majeurs pour les assureurs. L’IA, qui repose sur l’analyse de vastes ensembles d’informations pour évaluer les risques et personnaliser les offres, soulève la question cruciale de la protection des données sensibles des assurés. Comment assurer que ces données sont préservées tout en exploitant pleinement le potentiel de l’IA ? Cette interrogation devient d’autant plus pressante à l’ère des préoccupations croissantes concernant la vie privée en ligne.

Cette inquiétude a été évoquée par l’Autorité italienne de régulation de la vie privée, qui a déclaré que l’outil ChatGPT et les méthodes employées pour recueillir les données des utilisateurs contreviennent aux lois nationales sur la protection de la vie privée. Publié en mars 2023, ce communiqué fait suite à une enquête ouverte par l’autorité et notifiée à OpenAI. L’Italie se distingue en tant que premier pays à prendre des mesures contre l’outil d’OpenAI pour non-respect de la RGPD. Suite à cette investigation, OpenAI a assuré aux utilisateurs la possibilité de refuser l’utilisation de leurs données pour l’entraînement de ChatGPT. Il est à noter qu’OpenAI encoure une amende potentielle pouvant atteindre 20 millions d’euros ou 4% de son chiffre d’affaires.

Un autre défi notable réside dans la nécessité de mettre en place un contrôle efficace pour prévenir la discrimination algorithmique. L’IA peut involontairement reproduire les biais existants dans les données, entraînant une discrimination potentielle. Les assureurs se trouvent confrontés à un dilemme éthique complexe : comment garantir que leurs systèmes d’IA ne contribuent pas à la discrimination envers certains groupes démographiques ? Dans cette perspective, une approche axée sur la gestion des risques et la mise en place de contrôles rigoureux par les assureurs s’imposent de manière cruciale.

Pour relever ce défi, il devient impératif que les professionnels de l’assurance soient formés de manière approfondie aux enjeux liés à l’intelligence artificielle. Des formations spécifiques aux métiers de l’assurance à l’IA joue un rôle essentiel dans la compréhension des mécanismes, des limites éthiques entourant ces technologies. En investissant dans la formation continue de leurs équipes, les assureurs peuvent non seulement renforcer leur capacité à mettre en œuvre des contrôles efficaces, mais également favoriser une utilisation responsable et éthique de l’IA dans le secteur de l’assurance. Ainsi, la formation des métiers à l’IA émerge comme une composante essentielle pour relever ce défi complexe et garantir une évolution éthique et équitable de l’industrie.

Néanmoins la question de la responsabilité en cas d’erreurs dans les systèmes d’IA reste un terrain inexploré. Lorsqu’une défaillance survient, qui assume les conséquences financières et juridiques ? Établir des normes de responsabilité claires de gouvernance devient impératif pour assurer la confiance des clients et la crédibilité du secteur.

Enfin, surmonter les réticences des clients à l’égard de l’assurance basée sur l’IA nécessite une communication claire. Les assureurs doivent éduquer et rassurer les assurés sur la manière dont leurs données sont utilisées. La mise en avant des avantages en termes de personnalisation des polices et d’efficacité opérationnelle est essentielle pour obtenir une adoption réussie de ces nouvelles technologies. Dans cet environnement complexe, les compagnies d’assurance doivent naviguer avec précaution pour garantir une intégration réussie de l’IA tout en préservant la confiance de leurs clients.

Sabrina BOUAZZARA, Consultante
Nicolas ROOSE, Associé

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