L’assurance durable est une approche stratégique pour garantir que toutes les activités de la chaîne de valeur de l’assurance soient menées de manière responsable. Elles sont supposées être tournées vers l’avenir, comme le résument les principes pour l’assurance durable soutenus par l’ONU. Pour se faire, l’entreprise doit prévoir une identification, une évaluation, une gestion et une surveillance des risques et opportunités associées aux enjeux ESG ‘Environnementaux Sociaux et de Gouvernance’, ainsi qu’un développement de solutions innovantes et une amélioration de ses performances.

Le secteur assurantiel, de plus en plus exposé aux risques extra-financiers, doit aussi se mettre en ordre de marche.

Si la RSE et les 43 informations Grenelle II visaient en priorité les secteurs les plus exposés tels que l’industrie et l’agroalimentaire, la transposition de la directive 2014/95/UE touche autant (au même niveau mais de manière différente) tous les acteurs soumis à la réglementation.

En effet, celle-ci s’appuie sur une analyse des risques conduisant à ne présenter des informations que sur les thématiques à risques significatifs qui doivent être formulées selon la logique « politiques, plans d’actions, résultats, KPI ».

Cette évolution règlementaire promet donc plusieurs changements pour permettre une publication extra-financière concise et plus abordable, explicitant les enjeux et les risques les plus matériels de l’entreprise. Elle est le gage d’une meilleure compréhension de son positionnement dans son écosystème et la création de valeur associée pour l’ensemble de ses parties-prenantes. Elle devrait garantir l’avènement d’un outil de pilotage de la performance s’appuyant sur un reporting n’ayant pas pour unique but de répondre aux exigences du législateur mais bien de s’assurer de l’efficacité́ des politiques et actions mises en œuvre à l’aide d’indicateurs ciblés et pertinents.

Tandis que le niveau d’adoption desdits changements est évolutif et qu’il dépend grandement de la maturité de l’entreprise sur le sujet ; les attentes des législateurs, des lecteurs et des organismes de vérification sont quant à elles communes et clairement définies, à savoir : des informations claires, pertinentes, méthodiques et comparables.

Les directions RSE et développement durable : plus transverses, plus stratégiques et plus influentes.

La performance extra-financière et le développement durable entrent dans une nouvelle ère. S’inscrivant indéniablement au cœur de la stratégie des entreprises performantes, elle représente un élément majeur donnant du sens à la mission de l’entreprise, notamment :

– Aux investisseurs étant la grille d’analyse idéale pour imaginer des modèles économiques résilients et en croissance ;

– Aux collaborateurs et futurs collaborateurs via la marque employeur ;

– Aux réseaux de distributions via l’image de marque.

Ces obligations sous l’impulsion de l’Union européenne amènent les entreprises à présenter des contributeurs engagés au sein des autres directions transverses pour faire avancer l’ensemble des projets et induit un véritable changement de posture pour les collaborateurs qui la composent.

Il s’agit de passer d’une posture centrée sur l’expertise à une posture centrée sur la capacité́ à communiquer, à mobiliser et à influencer les parties-prenantes internes ou externes. Il ne s’agit plus de faire ‘à la place de’, mais bien de positionner l’ensemble des sujets et projets au centre des préoccupations quotidiennes des Directions impliquées.

Ces nouvelles prérogatives s’accompagnent pour les directions RSE er développement durable de :

– Plus de visibilité et d’impact ;

– Plus d’exigence en matière de suivi et de contrôle ;

– Un positionnement beaucoup plus transverse.

Sa mise en place au sein d’une organisation passe naturellement par une conduite de changement et par la prise en main des sujets au niveau stratégique.

L’impact économique de la performance extra-financière, qualifié et prochainement quantifié.

Si peu de données sont disponibles sur le retour certain d’investissement dans les démarches de croissance de performance extra-financière, tous les acteurs s’accordent à dire que ne pas s’engager dans cette voie présente un risque financier.

« Si demain une taxe carbone est instaurée, l’investisseur qui aura fait peu d’efforts pour décarboniser son activité sera forcément moins rentable que celui qui aura intégré des paramètres environnementaux et sociaux dans sa politique d’investissements »

François Garreau, président de la commission de développement durable à la FFA.

CNP Assurances l’a d’ailleurs bien compris, comme en témoigne l’accélération de son désengagement du charbon thermique via l’abaissement des seuils d’exclusion pour les investissements existants. Elle va jusqu’à démontrer une position ferme en requérant, auprès de ses partenaires, la justification de leurs désengagements du charbon thermique au risque de mettre fin à la relation commerciale qui les unis.

Si les critères ESG ne posent plus de question de rentabilité et que le risque de perdre un client est relativement limité, c’est bien parce que tous les acteurs de la place se sont appropriés le sujet.

L’attention est depuis lors tournée vers la souscription des nouveaux investissements issus de la transition bas carbone, tels que les actifs d’énergie renouvelable, l’efficacité énergétique et le zéro-émissions de véhicules.

Avec plus de 2 642 milliards d’euros en France et 31 billions de dollars au niveau monde d’actifs sous gestion, le secteur de l’assurance joue un rôle important en tant qu’investisseur

institutionnel – et de nombreuses grandes compagnies d’assurance sont des chefs de file mondiaux en matière d’investissement durable et responsable. La décarbonisation des portefeuilles est devenue une priorité clé, plusieurs grandes entreprises s’étant engagées à se départir des combustibles fossiles et à réaffecter des capitaux aux actifs verts – y compris des marchés en expansion rapide pour des instruments comme les obligations vertes.

C’est notamment le cas de BPCE Assurances qui a communiqué dans son rapport RSE de 2018 autour de ses offres d’assurances prenant en compte les enjeux environnementaux telles que :

– Les contrats d’assurance habitation garantissent, sans cotisation supplémentaire, des installations à caractère écologique (exemple : les panneaux photovoltaïques, les chauffe-eaux solaires, les batteries de stockage d’énergie …etc.) ;

– Les contrats d’assurance automobile, favorisant les comportements responsables qui ont un impact positif sur l’environnement. C’est pourquoi des tarifs privilégiés sont accordés aux propriétaires de véhicules électriques (jusqu’à -30%) et aux assurés s’engageant à parcourir moins de 8 000 km par an (jusqu’à -10% par année d’assurance).

Aviva, aussi, met en place une offre préférentielle pour les entreprises labellisées ‘RSE’ leur octroyant une réduction de -10% à valoir sur la plupart des cotisations d’assurances professionnelles (Exemple : Multirisque Professionnelle, Multirisque Agricole, Responsabilité Civile Professionnelle, Responsabilité du Dirigeant, Santé Individuelle, Protection Juridique).

Les attentes des clients sont multiples et variables en fonction de l’institution (assureur, courtier, mutuelle de prévoyance, … etc.) mais s’accordent sur le besoin de :

– Conseils de qualité ;

– Services de prévention ;

– Offres d’assurances adaptées aux nouveaux enjeux sociaux, sociétaux et environnementaux.

La performance extra-financière est donc clairement identifiée comme un critère discriminant et l’innovation responsable comme un avantage concurrentiel.

La performance extra-financière en assurance, conjoncturellement la performance la plus regardée par les clients.

Alors que les états financiers ne parlent pas à tous car peuvent-être très techniques, ceux du milieu assuranciel semblent l’être encore moins. La performance extra-financière elle, touche une cible plus élargie et pour cause :

– Des sujets transposables à tout secteur d’activité ;

– Un public sensibilisé ;

– Un état d’urgence qui n’épargne personne.

La performance extra-financière serait donc un élément fédérateur qui rassemble et renforce la cohésion de toute une communauté à laquelle les parties prenantes pourraient plus facilement s’identifier.

La Déclaration de Performance Extra-Financière se révèle, dans beaucoup de cas, efficace et appropriée car :

– Obligatoire pour les sociétés soumises ;

– Commune à l’ensemble des parties prenantes ;

– Certifiée par un Organisme Tiers Indépendant ce qui ajoute de l’impact et garanti son contenu.

Et maintenant, quelle en est la traduction opérationnelle pour nos assureurs ?

Ce qu’initialement s’apparentait à une contrainte réglementaire, se transforme au regard de l’intérêt de l’ensemble des parties prenantes en une véritable opportunité qui devrait s’accompagner en interne, en fonction de la taille de l’entreprise et de son niveau de maturité, par :

– Un diagnostic de l’existant : Élevée au niveau stratégique et touchant un large panel de sujets, la performance extra-financière ne s’invente pas, elle s’oriente ;

– La formalisation d’un programme : Répondant à des objectifs stratégiques, toute performance doit être convenablement construite et durablement pilotée ;

– Une conduite du changement : Récemment généralisé et impactant l’ensemble des ressources de l’entreprise, l’intérêt de la performance extra-financière, pour être correctement assimilé, doit indéniablement faire l’objet d’une communication et d’une démarche de conduite du changement.